2 juillet 2011
1ère partie — 2ème partie
la Nouvelle République dimanche 3 juillet 2011
Les musiques libres se dévoilent
Musiques" libres" ou " sans étiquette " ... A Poitiers jusqu'à ce soir, le festival Bruisme déploie toute la richesse de l'improvisation et bouscule les habitudes de l'auditeur.
En l'absence du groupe, le concert a déjà commencé et un clapotis se fait doucement entendre entre les chants des grillons alors que les spectateurs prennent place. Arrive le duo Aliquid, et Jean-Marc Foussat et Sylvain Guérineau commencent alors une conversation mouvementée qui résonne dans la galerie du Confort moderne.
Samedi après-midi, Aliquid a fourni une prestation forte pour le deuxième jour du festival des musiques libres Bruisme, consacré à l'improvisation.
« L'improvisation ne s'improvise pas ». L'entente dont le groupe fait preuve sur scène se retrouve dans les propos : la musique improvisée est une « musique sortie de prison », explique Jean-Marc Foussat, « ou qu'on n'a pas encore mise en prison », complète Sylvain Guérineau. Le duo venu de la région parisienne s'est formé il y a sept ans. Issus du jazz et du rock, les musiciens en conservent la nostalgie d'un âge d'or « entre 1960 et 1980, toutes les musiques faisaient autre chose », et un synthétiseur analogique de 1974. Pour Jean-Marc, l'improvisation c'est « jouer du mieux qu'on peut ce que nous sommes ». La différence avec les musiques écrites, non improvisées, vient de la capacité à créer en s'affranchissant des normes: « la norme c'est nous-même ». « Nous, on essaye de faire de la musique avec nos petits moyens », résume Jean-Marc. « Et pas seulement d'en jouer ! Il y a trop de gens qui se contentent de jouer », ajoute Sylvain.
Ninicha Haïku jouait lui aussi hier soir. Pour ce trio de la région et alentours qui préfère garder l'anonymat, il s'agit de « ne pas reproduire une forme identifiable ». « C'est tout notre travail d'organiser les sons en temps réel », expliquent-ils. Et à chacun sa manière: en travaillant quotidiennement un instrument et ses possibilités, ou au contraire en l'évitant. « Plus on s'éloigne des instruments, plus on se rapproche de la musique ».
la suite
Pour son dernier jour, Bruisme poursuit l'exploration des musiques libres cet après-midi et ce soir dans deux nouveaux lieux. A 15 h, dans l'église Montierneuf, Mune et Christophe Macé proposent un « vidéo vox organon »: le duo Mune (Claire Bergerault à la voix, et Jean-Luc Guionnet à l'orgue) improvisera dans le lieu transformé par les installations de lumière et de vidéo de Christophe Macé - une occasion rare d'entendre un orgue dans un répertoire profane (entrée libre). Au Lieu multiple, deux concerts mettront fin au festival: à 18 h, la « musique en mouvement » de la danseuse Li Ping Ting et du guitariste Nicolas Desmarchelier poussera à bout le corps et l'instrument. Vers 19 h, le final sera assuré par le Hollandais Thomas Ankersmit, un nom établi de la scène.
Tickets en vente sur place. 6 € (réduit 3,50 €). Restauration sur place. Renseignement: 05.49.47.31.48 ou www.jazzapoitiers.org.
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