Été 2005.
Mon fils aîné, Joseph, qui est en train de préparer avec son ami Jean Delassus son premier court métrage, en super 8, Le Duel, voudrait y adjoindre une musique de Jazz originale.
Il me demande conseil.
Je sais que Makoto sera d’accord et je demande à Lucien Johnson avec qui j’ai joué récemment s’il veut bien assurer la partie de saxophone ténor. Il accepte.
Mais il manque une contrebasse pour que le groupe soit crédible. Je cherche un peu et prends contact avec Benjamin Duboc, que je connais déjà pour l’avoir enregistré dans le quartet d’Arnaud Sacase. Serait-il prêt à remplir ce rôle en échange d’un enregistrement ?
L’affaire est conclue et l'enregistrement live de ce groupe éphémère se fait Chez Pignol, au café Les Jardies, devant la gare de Sèvres-Ville d’Avray, sur les lieux du tournage.
… Aussi nous nous transporterons maintenant à la gare de Ville d'Avrille, à la minute où le train de Paris déboucha du tunnel ombreux destiné à protéger de la pluie une partie de la voie ferrée qui relie Ville d'Avrille à Saint-Cloud.
Bien avant l'arrêt complet du train, une foule compact se mit à ruisseler des portières à fermeture automatique dont les habitués de la gare Saint-Lazare s'enorgueillissaient fort — bien qu'ils n'y fussent absolument pour rien — jusqu'à la mise en service, sur les lignes de Montparnasse, de ces voitures dites inoxydables qui qui cumulent les portières automatiques et les marchepieds se relevant (ou s'abaissant à volonté), ce qui n'est pas du jeu…
Boris Vian, Vercoquin et le Plancton, 1947.
C'est en septembre que je peux m'acquitter de ma dette.
Benjamin me demande alors d'enregistrer le groupe [Ter] qu'il constitue avec Didier Lasserre à la batterie et Sylvain Guérineau aux saxophones alto et baryton à l'Olympic Café à La Goutte d'Or.
Je ne connais encore ni Lasserre, ni Guérineau mais je suis aussitôt sous le charme, conquis.
Et dès la fin du concert je leur demande s'il ne serait pas possible de faire quelque chose ensemble…
Sylvain accepte immédiatement et nous nous retrouverons bientôt chez moi, à la maison pour notre première répèt’.
Nous cherchons un nom.
À ce moment là, je suis en train de relire Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien de Vladimir Jankélévitch, j'en suis encore au début dans la phase des définitions :
… On est tenté de s'exprimer ainsi : le Nescioquid de l'être ne réponds pas à la question Quid par un quelque chose (Aliquid), mais il nous laisse entrevoir un je ne sais quoi : le fait en général que quelque chose existe ; …
Aliquid s'impose de lui même.